Les Passants du Quattrocento

2014

Les photos qui montrent des personnes en mouvement et légèrement floues dans des espaces contemporains, sont tirées sur un papier Fine Art (format 40 x 60 cm). Elles sont complétées par un travail en peinture sur le même support et sans collage.

Ces peintures sont inspirées de fragments de peintures du Quattrocento, qu’il s’agisse de ciels, de paysages ou de bâtiments (œuvres de Fra Angelico, Pierrro della Francesca, Paolo Ucello, Domenico Ghirlandajo, Masaccio, Giovanni Bellini, Filippo Lippi, Giovanni di Paolo…).

Pourquoi le Quattrocento ? Comme notre siècle, le Quinzième est un siècle d’importants bouleversements particulièrement en ce qui concerne les représentations du monde, l’importance des images et la place de l’homme dans ce monde.

Ce travail permet de confronter la perspective propre à la photographie avec l’espace perspectif développé au Quattrocento italien. On retrouve des lignes de fuite communes, l’association intérieur-extérieur dans un même espace narratif. L’association de plusieurs photos crée une tension narrative qui se développe dans la peinture.

Le texte n’a pas pour fonction d’épuiser l’image mais d’offrir une piste de lecture, une ouverture, un contrepoint, un lien entre les deux époques.

Nous étions à peine de retour d’Italie que les affaires reprirent, dans la hâte, l’intrigue et les dédales urbains.
C’est à peine si l’eau nous quitta un instant. Elle nous accompagna jusqu’à la nuit pendant tout le voyage. Seule une éclaircie nous permit d’entrevoir les montagnes italiennes.
Dès que nous sortîmes, nous reprîmes nos trajectoires solitaires, dessinant des carrelages imaginaires et mathématiquement si justes.
La ville nous enveloppa. L’espace était là, avant nous, bien structuré. Et nous ne faisions que le traverser.
Nous l’avions à peine aperçue que déjà il ne restait plus que notre émotion. Une apparition fugitive encadrée par la ville comme le ciel bleu de Florence.
C’est à peine si des passants remarquaient notre beauté tant nous étions figées dans notre cloître. Seuls quelques moines portèrent attention à notre nudité.
11 novembre.
La bataille de San Romano est à peine terminée et les héros honorés, glorifiés, médaillés que déjà de nouvelles armées se préparent à d’autres guerres.
Chacun savait où il allait, ce qui l’attendait au bout du couloir ou derrière les montagnes de Toscane.
Qui remarqua que nous dansions et que nous quittions les décors de la ville pour les campagnes italiennes ?
A peine eut-il fini de traverser la rue que l’intrigue se referma sur lui. Attendrait-il la Place de la Flagellation avant l’heure ?
Annonciation
Le livreur pressé eut à peine le temps de finir sa phrase « Virtus Altissimi obumbrabit TI BI » que déjà̀ la réponse de la jeune femme arriva :
« ECCE ancilla domini ». Mais pourquoi moi, en vérité, se demanda-t-elle ? …« Spiritus Sanctus superveniet ni te, et virtus Altissimi obumbrabit ti bi. Ecce ancilla domini, fiat mihi secundum verbum tuum. »… …« L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très haut te couvrira de son ombre. Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon son verbe. »…
Luc 1, 35.
Petit cours de perspective
L’immeuble affirmait sa perspective et la ligne de fuite était à peine arrivée dans l’œil du passant qu’il se retourna vers moi, étonné́. Mais je n’étais alors que le photographe. L’architecture n’était pas encore dessinée.