En cinquante ans, mes recherches artistiques ont pu s’orienter, selon les moments, vers le croquis, la gravure, la sculpture, la peinture, la photocopie ou la photographie et presque toujours à travers des séries.
Les croquis interrogent le paysage maritime à travers la variété des cadrages.
Les gravures sont, pour la plupart, créées pour des poèmes de Tristan Corbière, de Gaston Couté, de Raymond Queneau… Par le burin, la pointe sèche, la gravure sur bois ou lino, elles proposent non pas des illustrations mais des ouvertures poétiques.
La sculpture, souvent abstraite, montre les structures, les appuis, les processus de construction.
Elle peut aussi être éphémère, réalisée dans des paysages maritimes avec des berniques peintes, en bleu ou rouge, ou des plaques de plexiglas. Et la photographie est alors là pour la fixer : ce sont des photos-sculptures.
Les peintures sont liées à ce qui nous entoure, à ce qu’on voit mais en cherchant à créer un écart avec le réel que ce soit une pomme dans un espace intérieur, des murs ou des volumes dans un espace extérieur.
La peinture va aussi se confronter à la photographie dont elle encadre ou développe l’espace qu’il s’agisse d’identités anonymes ou de scènes de rue. On retrouvera cette démarche dans Les Passants du Quattrocento.
La photocopie associe photo et peinture.
Une photographie argentique est photocopiée en noir et blanc plusieurs fois pour faire apparaître un grain qui rappelle la gravure. Ensuite, ces photocopies en noir et blanc sont retravaillées en couleur.
Les thèmes principaux sont liés à la ville : le mobilier urbain, les travaux, les cabines téléphoniques, les restaurants, les bus…
La disparition des photocopieuses a entraîné la fin de cette démarche, la photocopie numérique n’offrant plus la même qualité de matière.
L’utilisation de la photographie numérique va donner une nouvelle orientation à mes recherches. Le travail sur le flou des piétons et la netteté de l’espace urbain permet de continuer à réfléchir sur la notion d’écart avec ce qui est habituellement vu et ce seront les photos des Passants.
Dans la continuité, la série des Passants du Quattrocento réunit peinture, photographie, présence humaine, narration, recherche sur la ville et l’espace à travers deux époques : le XXI e en France et le XVe en Italie.
Photographie/peinture. Qu’il s’agisse de paysage, de vanité ou d’artichaut, la photo précède la peinture et la peinture élargit l’espace autour de la photo sur le même support et sans aucun collage. Les deux médiums construisent une image qui n’existe que par leur complémentarité et leur confrontation dans les lignes, les couleurs et l’organisation.
Cette composition interroge le spectateur sur la spécificité de chacun des médiums : Où est la limite entre les deux ? Où est le prolongement ? Où est l’illusion ? Quel écart y a-t-il avec le réel ? Qu’est-ce qu’une représentation ?